Frank Towers

Vétéran américain de la deuxième guerre mondiale, il a débarqué à Vierville-sur-Mer (Calvados) le 13 juin 1944, jour de ses 27 ans.

Il était lieutenant de la 30eme Division d’Infanterie US et agent de liaison, ce qui explique sa connaissance parfaite des moindres petites routes et localités de Normandie. St Jean-de-Daye est le premier village qu’il a libéré. Il a participé à l’opération Cobra qui a suivi la libération de St Lô, puis à la terrible bataille de Mortain.

Ses combats l’ont ensuite mené à Domfront, Evreux, dans les Ardennes, puis en Belgique, en Hollande et enfin en Allemagne jusqu’à l’armistice. Il a passé plusieurs années dans l’Allemagne occupée et a obtenu le grade de Major.

Il a reçu de nombreuses décorations :

  • La médaille de bronze pour son héroïsme
  • Purple Heart pour ses blessures au combat (il a été blessé deux fois et porte encore dans la joue un éclat d’obus)
  • La croix de guerre française
  • La médaille commémorative de la bataille de Normandie
  • La fourragère belge
  • La croix du souvenir de Hollande
  • La médaille de la reine de Hollande qui fait de lui un membre de la famille royale Orange-Nassau
  • Et surtout la Légion d’Honneur reçue à Mortain en Juin 2009

Il était président et historien de l’association des vétérans de la 30eme Division US. Il était aussi créateur et administrateur du musée de la seconde guerre mondiale de Camp Blanding en Floride, là où se sont entraînées plusieurs divisions américaines avant de partir pour l’Angleterre.

Il était marié, père de quatre enfants, grand-père, arrière grand-père et vivait à Brooker en Floride.

Co-fondateur des Fleurs de la Mémoire

Il était à l’origine de la création des « Fleurs de la Mémoire » cette association qui confie à chacun de ses membres le soin de fleurir les tombes des soldats qui reposent dans les cimetières américains de Normandie (Colleville et St James).

Voici quelques passages de la lettre que Frank a envoyée en décembre 2000 à Claude Lavieille, président fondateur de cette association.

« Quand je viens en Europe, le plus difficile pour moi, c’est de me rendre dans les cimetières américains où reposent ces camarades de ma division qu’en tant qu’officier de liaison, je connaissais presque tous. Chacune de ces visites est une épreuve. Quand je suis là, debout et silencieux au pied d’une tombe, des images de la vie de ce camarade me reviennent à l’esprit. C’est ainsi devant chaque croix. Encore et toujours. Mais je dois le faire. Je ne peux m’en dispenser. Bientôt, ni moi ni mes compagnons ne pourrons plus nous rendre sur les tombes des soldats restés en Europe. Seront-elles abandonnées… Si, à ma demande, grâce à l’action que vous acceptez d’entreprendre, vous parvenez à convaincre les Normands de venir fleurir une tombe chaque année, j’aurai le sentiment profond de rendre un dernier hommage à mes compagnons tombés au combat. »

Ambassadeur de l’amitié franco-américaine

Frank Towers était un infatigable ambassadeur de la paix, du souvenir et de l’amitié franco- américaine. Depuis les années 80, il venait en Normandie tous les deux ans environ et résidait dans une famille française qui le considérait comme l’un de ses membres. Il s’est battu pour la France. Il aimait et respectait ce pays qu’il essayait de mieux faire connaître aux Etats-Unis, particulièrement près des jeunes. Il était en relation constante – par courrier, internet, accueil chez lui ou visites – avec les habitants, personnalités ou simples citoyens, des pays d’Europe où il a combattu.

Quelques faits, postérieurs à ses combats, qui marquent son attachement à la France et méritent sa reconnaissance

Le premier objectif de ses visites en France, est de se recueillir dans les deux cimetières normands où reposent ses camarades : Colleville et St James. Mais ensuite, il a toujours voulu se mêler à la population et découvrir ce peuple ami. Il s’est rendu maintes fois dans des écoles et des collèges pour rencontrer des jeunes. Toujours porteur du même message :

« Il faut, certes honorer la mémoire de ceux qui sont tombés pour défendre la liberté, mais il faut aussi savoir que la guerre, c’est l’horreur, et tout faire pour préserver la paix. »

De retour chez lui, il a fait le même travail avec les jeunes de son pays qui ignorent tout ou presque de cette dernière guerre. Il a organisé des rencontres régulières et donné des conférences. Il a participé bénévolement à la création et au fonctionnement d’un musée de la dernière guerre, situé en Floride.

En 1997, grâce à la détermination de Claude Lavieille, il s’est vu remettre par le préfet de la Manche, une authentique Borne de la Liberté qui se trouve maintenant dans le parc de son musée. (Le jour de l’inauguration, un groupe d’étudiants américains a formé une chorale et chanté la Marseillaise en français).

Il a organisé quatre voyages de vétérans en France (275 personnes en 1984) et chaque fois, c’étaient des rencontres et des échanges avec la population. Ces liens durent encore. Lors de la seconde guerre en Irak, Frank a défendu la position de la France et affirmé haut et fort, par média interposés, que, non, les Français n’avaient pas oublié l’action des USA en 1944. Il a raconté, à la radio et dans les journaux américains, l’accueil chaleureux réservé aux vétérans en Normandie et affirmé sans relâche l’amitié profonde qui unit les peuples de nos deux pays.

En 2000, lors d’une visite de ses amis Claude et Marie Thérèse Lavieille en Floride, il s’est adressé à ces derniers en ces termes :

« Bientôt, je serai trop vieux pour me rendre en France. Qui donc, alors rendra visite à mes compagnons reposant en terre normande ? Claude, tu dois faire quelque chose. »

Il est donc à l’origine de la création des « Fleurs de la Mémoire » dont il est parrain, membre d’honneur et membre bienfaiteur. Il était aussi citoyen d’honneur de plusieurs villes de France. Lors de son voyage en France en juin 2009, Frank a reçu la Légion d’Honneur de ce pays qu’il aime tant. L’année précédente, il avait confié à ses amis : « C’est mon dernier rêve. »

Il est revenu en Normandie en avril 2010 pour célébrer le 10e anniversaire des « Fleurs de la Mémoire » lors du Congrès de Cabourg. Son dernier voyage en Normandie date de juin 2014 pour commémorer le 70è anniversaire du Débarquement. Frank est décédé le 4 juillet 2016 en Floride.

Reposez en paix, Frank.