Claude Lavieille naît en 1932 à Coutances. Ses parents y tiennent un café épicerie en face du stade. Durant la guerre, il subit les bombardements de la ville alors qu’il a 12 ans. Il en reste longtemps traumatisé au point d’éprouver une crainte persistante lorsqu’il entend passer des avions…
Il suit une formation d’ajusteur puis part 18 mois en Allemagne pour son service militaire Il y devient Maréchal des Logis.
En 1952, ne trouvant pas immédiatement d’emploi correspondant à sa formation, il entre à la Manche Rurale à Coutances. En 1954, il rencontre Marie Thérèse Champel (alias Marie Thé) avec qui il se marie en 1955. Ils s’installent à La Chapelle Enjuger (village qui fut totalement détruit par l’opération cobra en 44.)
Il est rappelé en Algérie en 56 où il reste cinq mois. Mois d’autant plus longs que son épouse met au monde Philippe, leur 1er fils, alors que Claude est dans une zone combattante. En 61 Claude & Marie Thé ont un second fils, Christophe. Après une formation à Paris, Claude devient officiellement journaliste. Il entre à la Manche Rurale à St Lô.
Au milieu des années 60, la famille s’installe à St jean de Daye (où Marie Thé est professeur d’’anglais.) En 68, Claude devient co-fondateur de « L’’Agriculteur Normand » (journal agricole à Caen.)
Très engagé dans la vie sociale et culturelle, Claude est élu Conseiller Municipal de 71 à 83 . Il fait deux mandats de maire adjoint de 83 à 95. Il est aussi président (bénévolement) du Centre de Secours de la commune. En 74, il crée le Centre de Loisirs et de Culture de St Jean-de-Daye, dont il sera président actif pendant 18 ans. De nos jours cette salle s’appelle la salle Claude Lavieille. Au carrefour central du village, elle fait face à l’’espace Frank Towers. Il devient secrétaire général de rédaction du groupe de presse « Réussir » en 78. Il fonde et anime le Centre de Formation et de Perfectionnement des journalistes de la presse Agricole dont il est vice président.
En 1984, Claude rencontre pour la première fois Frank Towers. Une réception est organisée par la municipalité pour accueillir des vétérans américains en visite dans la région avec leur famille à l’occasion du 40ème anniversaire du Débarquement. Les deux hommes et leur famille se lient d’amitié.
A la retraite en 1991, fidèle à ses idées altruistes, Claude développe d’une manière spectaculaire la Banque Alimentaire de la Manche. Il réalise des prouesses au service des plus démunis en la présidant durant trois ans. Cette période marque l’apogée de son engagement social et humanitaire. Parallèlement, il visite des malades à l’hôpital Mémorial France Etats Unis de St Lô. Son dévouement et sa bienveillance font que de nombreux patients le prennent pour un prêtre ! Il est vrai que Claude est animé d’une grande foi (qu’il pratique sans prosélytisme.)
En 2000, à la demande de Frank Towers, Claude fonde avec son épouse l’Association « Les Fleurs de la Mémoire. » Le but est de parrainer et de fleurir les tombes des soldats reposant dans les cimetières américains de Colleville et de St James, en Normandie. Il en est président jusqu’à son décès en 2005.
Claude Lavieille, avec son enthousiasme et sa rigueur habituels, s’est investi dans la création de l’association. Ce projet, présenté à la famille, aux amis et élus locaux et régionaux, trouve très vite un écho favorable. Très soutenu par son épouse Marie Thé Lavieille (qui de surcroit parle anglais et sert d’interprète), Claude assure le développement et la croissance de l’association. Il recrute de nombreux parrains, représente l’association aux cérémonies patriotiques. Il tisse de nombreux liens personnels avec les administrateurs de l’ABMC, les associations de vétérans, les communes et leurs élus, les établissements scolaires et crée de nombreux outils de communication.
Dès le départ, il y a eu une volonté très forte d’associer les jeunes au Devoir de Mémoire en accompagnant des actions de fleurissement associant commune et élèves, en impulsant des concours d’écriture (de poèmes ou autres) au sein des établissements scolaires.
Ce dynamisme est bien montré par la forte croissance du nombre des adhérents.
Dix ans après sa création, l’association compte plus de 3600 adhérents qui ont adopté et fleurissent au moins une fois l’an 10 000 tombes de soldats américains qui n’ont jamais reçu – ou très rarement – la visite de leurs familles trop lointaines.
Il quitte ce monde en octobre 2005, juste après avoir célébré ses 50 ans de mariage avec Marie Thé. En effet, on ne peut évoquer Claude sans évoquer Marie Thé, sa fidèle et vaillante égérie. Discrète, efficace, elle fut toujours là pour le seconder. Elle reste encore aujourd’hui très impliquée dans l’association des Fleurs de la Mémoire. Sa patience et sa compétence sont un modèle pour son entourage.
Voilà pour les faits retraçant le parcours de Claude, homme entier, combattant de l’oubli et de l’injustice.
Texte de Christophe Lavieille
Marques officielles de reconnaissance de la société pour les actions de Claude
- Médaille Commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre en A.F.N.
- Croix du Combattant en Algérie
- Médaille du Mérite Agricole (1983)
- Médaille d’Honneur Agricole en Vermeil (1986)
- Médaille d’Or du Travail (1986)
- Médaille d’Or avec Palme (1990)
- Médaille d’Honneur Régionale, Départementale et Communale en Argent (1989)
- Palmes Académiques (2002)
- Ville de St Lô : « Allée Claude Lavieille »
- Commune de St Jean de Daye : « Salle Claude Lavieille »